Lyon n’est pas seulement la ville des lumières et des bouchons. C’est aussi l’un des cœurs battants de l’investissement en France. Entre fonds historiques, nouveaux véhicules spécialisés et réseaux d’investisseurs très actifs, l’écosystème lyonnais est devenu un véritable laboratoire de financement pour les entreprises, de la start-up deeptech à la PME industrielle centenaire.
Si vous êtes entrepreneur, dirigeant de PME ou simplement en veille sur les dynamiques de marché, comprendre qui sont les fonds d’investissement basés à Lyon, quels secteurs ils ciblent et comment ils performent sur le marché français n’est plus une option : c’est un avantage stratégique.
Pourquoi Lyon attire autant de fonds d’investissement ?
Lyon coche un nombre impressionnant de cases dans le cahier des charges d’un investisseur :
- Un bassin industriel diversifié : chimie, pharma, santé, agroalimentaire, BTP, logistique, textile technique… Le tissu d’entreprises est dense et souvent exportateur.
- Une forte culture tech & innovation : pôles de compétitivité (Lyonbiopôle, Axelera, Minalogic…), incubateurs, accélérateurs et un flux régulier de start-up issues des écoles et universités.
- Une position géographique stratégique : carrefour européen avec accès rapide à Paris, la Suisse, l’Italie, l’Allemagne. Idéal pour accompagner des croissances internationales.
- Un écosystème financier structuré : banques régionales, family offices, business angels, fonds publics/privés… la chaîne de financement est relativement complète.
Résultat : les fonds n’y viennent pas par hasard. Lyon est un terrain où ils peuvent sourcer des deals, suivre leurs participations de près, et surtout construire des histoires industrielles de long terme, loin de la frénésie purement « start-up nation » de la capitale.
Les grands types de fonds d’investissement présents à Lyon
Tous les fonds ne se ressemblent pas, loin de là. À Lyon, on peut grosso modo distinguer quatre grandes familles d’acteurs.
- Les fonds de capital-innovation (venture capital) : ciblent les start-up en phase d’amorçage (seed) jusqu’aux séries A/B.
- Les fonds de capital-développement et transmission (LBO) : investissent dans des PME/ETI déjà rentables pour les aider à changer d’échelle ou à gérer une transmission.
- Les investisseurs corporate et industriels : fonds adossés à des groupes, parfois lyonnais, avec une logique plus stratégique que purement financière.
- Les fonds à impact et transition énergétique : de plus en plus présents, ils ciblent climat, énergie, économie circulaire, santé, inclusion.
Ce panorama n’est pas théorique. Il correspond à de vrais noms, très actifs sur le terrain lyonnais.
Les acteurs historiques du private equity lyonnais
Lyon abrite certains des poids lourds du capital-investissement français, nés ici ou fortement ancrés dans la région.
- Siparex : probablement le nom le plus emblématique. Groupe de capital-investissement indépendant, historiquement lyonnais, Siparex intervient du capital innovation au capital développement et LBO, en particulier sur des PME et ETI industrielles et de services. C’est typiquement le partenaire des entreprises qui ont déjà une belle histoire et veulent passer un cap (croissance externe, internationalisation, structuration managériale).
- UI Investissement : très implanté en régions avec une présence forte à Lyon. UI accompagne des PME dans des projets de croissance, reprise/transmission, souvent dans l’industrie, les services B2B, la santé. Leur approche est réputée pour être proche du terrain et du management, ce qui compte pour les dirigeants qui ne veulent pas d’un investisseur « hors sol ».
- Rhône-Alpes Création : un acteur historique du financement des PME régionales, soutenu par des institutions publiques et privées. Ses interventions vont du capital amorçage au capital-développement, avec une forte coloration territoriale. Pour les entreprises qui veulent un investisseur enraciné localement, c’est une porte d’entrée intéressante.
Ces fonds ne jouent pas tous sur les mêmes tickets (de quelques centaines de milliers à plusieurs dizaines de millions d’euros), mais ils partagent une caractéristique : une vraie connaissance du terrain lyonnais, des secteurs locaux et des réseaux économiques régionaux.
Les fonds dédiés à l’innovation et aux start-up à Lyon
Côté innovation, Lyon s’est structuré autour de plusieurs acteurs de capital-innovation, complétés par Bpifrance et des réseaux de business angels.
- Kreaxi : très présent sur la scène start-up régionale, Kreaxi investit en early stage dans les domaines du digital, de la santé, de l’industrie du futur, etc. Ils interviennent souvent en co-investissement avec d’autres fonds et business angels, ce qui permet de structurer des tours de table solides dès les premières phases de croissance.
- Fonds sectoriels (santé, deeptech, cleantech) : plusieurs véhicules, parfois gérés depuis Paris mais avec une forte activité à Lyon, se positionnent sur :
- la santé/medtech/biotech, portée par Lyonbiopôle et des acteurs comme Sanofi, bioMérieux, Boiron, etc. ;
- la cleantech/transition énergétique, du fait de l’héritage chimie-environnement de la région ;
- l’industrie 4.0 et la robotique, domaines dans lesquels le tissu industriel lyonnais est particulièrement dynamique.
- Bpifrance : même si ce n’est pas un « fonds lyonnais » stricto sensu, Bpifrance joue un rôle clé localement via :
- ses fonds de co-investissement en capital;
- ses prêts innovation et garanties;
- son soutien aux fonds régionaux et à certains véhicules thématiques.
On pourrait résumer la situation ainsi : pour une start-up lyonnaise avec une technologie solide et un marché crédible, le problème n’est plus tant « trouver un fonds » que « se préparer sérieusement à lever ».
Les réseaux de business angels et investisseurs individuels
Les fonds ne sont qu’une partie de l’équation. À Lyon, plusieurs réseaux de business angels jouent un rôle clé, notamment sur les premiers tours de table.
- Lyon Métropole Angels : réseau structuré d’investisseurs individuels, souvent eux-mêmes anciens dirigeants ou entrepreneurs. Au-delà de l’argent, ils apportent du mentorat, des contacts commerciaux et une vraie connaissance des réalités opérationnelles.
- Réseaux spécialisés : dans la santé, le numérique ou l’industrie, plusieurs groupes de business angels ou de family offices lyonnais interviennent de manière plus discrète, mais très efficace, souvent en soutien de deals « locaux » qu’ils connaissent bien.
Pour un fondateur en phase précoce, ces réseaux peuvent être une porte d’entrée stratégique : ils permettent de lever des premiers tickets (200 k€ – 1 M€) tout en se constituant un board d’alliés expérimentés, avant de passer à des fonds plus structurés.
Secteurs privilégiés par les fonds d’investissement à Lyon
Lyon n’est pas une Silicon Valley copiée-collée ; son empreinte sectorielle est très marquée par son histoire industrielle et médicale. Les fonds suivent logiquement cette trajectoire.
- Santé, biotech, medtech : véritables locomotives de la région. Les fonds apprécient :
- la densité d’acteurs (laboratoires, hôpitaux, instituts de recherche) ;
- les pôles de compétitivité structurés ;
- la capacité à générer des innovations protégées (brevets, savoir-faire).
À la clé : des cycles plus longs, certes, mais des barrières à l’entrée importantes et un potentiel de sortie significatif.
- Industrie et manufacturing : de la mécanique à la chimie en passant par les matériaux avancés, Lyon reste une place forte industrielle. Les fonds de capital-développement y voient :
- des entreprises profitables mais parfois peu digitalisées ;
- des enjeux de transmission (départs en retraite des dirigeants) ;
- des opportunités de consolidation sectorielle (croissance externe).
- Digital, SaaS, e-commerce B2B : même si Lyon n’a pas l’image de « start-up city » comme Paris ou Station F, les fonds y trouvent :
- des start-up plus frugales et orientées business ;
- une compétition moins féroce pour les talents ;
- des synergies avec les grands comptes industriels locaux.
- Transition énergétique et environnement : sur fond de crise énergétique et de réglementations (ESG, taxonomie européenne…), les fonds lyonnais se positionnent sur :
- l’efficacité énergétique des bâtiments et de l’industrie ;
- la valorisation des déchets, la chimie verte ;
- la mobilité décarbonée (logistique urbaine, mobilité électrique, hydrogène).
En résumé, Lyon est un terrain de jeu privilégié pour ceux qui arrivent à croiser innovation technologique, ancrage industriel et transition environnementale.
Performances : comment se situent les fonds lyonnais sur le marché français ?
Les fonds basés à Lyon n’ont pas vocation à « battre » Paris en volume de deals, mais à jouer la carte de la qualité et de la proximité. Sur le marché français, ils se distinguent sur plusieurs axes.
- Des portefeuilles moins « hype », mais plus résilients : en se concentrant sur des secteurs où les revenus sont plus prévisibles (industrie, santé B2B, services aux entreprises), les fonds lyonnais ont souvent mieux résisté aux cycles de mode (fintech, crypto, etc.).
- Des historiques de sorties significatifs : plusieurs opérations de cession industrielle, de LBO secondaire ou d’introduction en bourse ont été menées par des acteurs lyonnais ou depuis Lyon, notamment dans la santé et l’industrie. Sans faire de « one shot » spectaculaire, ces fonds construisent des track records réguliers.
- Un bon alignement rendement / risque : en moyenne, les fonds régionaux bien gérés, dont ceux de Lyon, affichent des performances compétitives par rapport à leurs homologues purement parisiens, avec un profil de risque parfois plus contenu grâce à des business models plus tangibles.
Évidemment, chaque fonds a sa propre performance, ses bons et moins bons deals. Mais l’image globale est claire : Lyon n’est plus un « second choix » d’allocation pour les investisseurs institutionnels. C’est une brique à part entière dans une stratégie de diversification géographique et sectorielle.
Comment un entrepreneur lyonnais peut-il approcher ces fonds ?
La vraie question n’est pas de savoir si des fonds existent à Lyon, mais comment s’en servir intelligemment pour financer sa croissance. Quelques principes reviennent souvent chez les dirigeants qui ont « bien vécu » une levée de fonds.
- Travailler son histoire industrielle, pas seulement ses slides : les fonds lyonnais apprécient les business sérieux, avec :
- des clients identifiés ;
- un vrai savoir-faire ;
- une vision claire des prochains 3 à 5 ans.
Une présentation trop « pitch de start-up weekend » sans profondeur opérationnelle a peu de chances de passer.
- Montrer un ancrage local… mais une ambition nationale ou internationale : être lyonnais est un atout, pas une excuse pour rester sur la seule métropole. Les fonds veulent voir que le marché adressable dépasse largement le périphérique lyonnais.
- Soigner sa gouvernance : même pour une PME familiale, mettre en place :
- un reporting clair ;
- un comité stratégique ou conseil d’administration structuré ;
- une séparation progressive entre propriété et management,
est souvent un prérequis implicite avant l’entrée d’un fonds.
- Sélectionner le bon type de fonds : lever auprès d’un fonds de LBO quand on a besoin de capital-innovation, ou inversement, est une mauvaise idée. Chaque type de fonds a :
- son horizon de temps ;
- sa manière de créer de la valeur ;
- ses attentes en termes de contrôle et de reporting.
Un dirigeant lyonnais qui prépare sa levée comme un marathon (et non comme un sprint opportuniste) a généralement de très bonnes chances de trouver un partenaire adapté.
Exemples de trajectoires types financées par les fonds lyonnais
Pour visualiser l’impact concret de ces fonds, imaginez quelques scénarios très réalistes dans le contexte lyonnais.
- La PME industrielle en croissance : entreprise familiale de 80 salariés dans la mécanique de précision, basée dans la périphérie lyonnaise, avec 40 % d’export. Besoin :
- de financer une nouvelle usine ;
- d’acquérir un concurrent allemand ;
- d’organiser la sortie progressive du fondateur.
Un fonds de capital-développement ou de transmission lyonnais prend une participation minoritaire ou majoritaire, structure l’opération de croissance externe et accompagne la mise en place d’un nouveau DG. Dix ans plus tard, revente à un industriel européen ou LBO secondaire.
- La start-up medtech issue d’un labo lyonnais : spin-off d’un CHU et d’un laboratoire de recherche, qui développe un dispositif médical innovant. Besoins :
- financement de la R&D et des essais cliniques ;
- constitution d’une équipe business ;
- accès aux marchés internationaux.
Tour de table seed avec business angels lyonnais + fonds early stage, cofinancé par Bpifrance, puis série A avec élargissement à des fonds nationaux/internationaux spécialisés en santé.
- La scale-up SaaS B2B orientée industrie : solution SaaS de maintenance prédictive pour l’industrie, née à Lyon au contact des sites de production locaux. L’entreprise atteint 3–4 M€ de chiffre d’affaires, mais doit :
- se déployer à l’international ;
- recruter des profils seniors (VP Sales, CTO, etc.) ;
- accélérer son produit.
Un fonds de growth ou de capital-développement, avec un pied à Lyon, structure un tour de plusieurs millions d’euros, en co-investissant avec un acteur parisien ou étranger. Le lien avec les clients industriels lyonnais reste un « terrain d’entraînement » clé pour tester de nouvelles offres.
Ces schémas, vous les retrouvez régulièrement dans les annonces de deals, les communiqués des fonds locaux et les success stories relayées par l’écosystème.
Lyon, un terrain d’investissement encore sous-exploité ?
Malgré cette effervescence, beaucoup d’observateurs estiment que Lyon reste encore sous-investie par rapport à son potentiel :
- Nombre de PME industrielles ou de santé n’ont jamais levé de fonds, alors qu’elles affichent des marges et une croissance enviables.
- Des start-up très techniques restent parfois trop discrètes vis-à-vis des fonds, par culture ou par crainte de perdre le contrôle.
- Certains investisseurs institutionnels nationaux commencent seulement à regarder sérieusement Lyon comme une place à part entière, et non comme un simple prolongement de Paris.
C’est là que se situe l’opportunité : pour les dirigeants capables de jouer le jeu de la transparence, de la structuration et de l’ambition, l’écosystème lyonnais offre une combinaison rare :
- des fonds compétents et proches du terrain ;
- des réseaux industriels puissants ;
- un vivier de talents de plus en plus attirés par la qualité de vie et le dynamisme économique local.
En d’autres termes, Lyon est devenue une place où l’on peut bâtir des histoires d’entreprises ambitieuses, financées de manière intelligente, sans forcément passer tous ses vendredis dans le TGV pour convaincre un énième comité d’investissement parisien.
Pour les entrepreneurs comme pour les investisseurs, la vraie question n’est donc plus : « Y a-t-il des fonds d’investissement à Lyon ? », mais plutôt : « Comment tirer parti de cet écosystème pour construire des entreprises solides, durables et ambitieuses sur le marché français et au-delà ? »

