Ace Capital : investissement, activité et impact sur le tissu économique français

Ace Capital : investissement, activité et impact sur le tissu économique français

Ace Capital, un catalyseur discret mais stratégique

Dans l’écosystème entrepreneurial français, certaines structures d’investissement agissent comme les racines d’un arbre : invisibles, mais absolument vitales. Ace Capital, filiale industrielle de Tikehau Capital, entre sans conteste dans cette catégorie. Peu présente sous les feux des projecteurs médiatiques, elle n’en dessine pas moins les contours de pans entiers de notre tissu économique. À l’heure où la souveraineté industrielle refait surface dans les priorités politiques et économiques, il est essentiel de comprendre comment un acteur comme Ace Capital opère, sélectionne ses entreprises partenaires et influe sur la trajectoire industrielle de la France.

Un ADN industriel, un regard tourné vers la résilience

Ace Capital n’est pas un fonds classique. Contrairement à la majorité des acteurs du private equity qui visent des rendements à court et moyen terme, Ace se positionne sur des secteurs mieux sourcés, plus stratégiques : défense, aéronautique, espace, cybersécurité, nucléaire, technologies critiques… Autrement dit, des domaines où la rentabilité ne saurait être la seule boussole ; il s’agit aussi de stratégie nationale, d’indépendance technologique, de souveraineté économique.

Depuis sa création en 2000, sous l’impulsion de François Lavernos et Marwan Lahoud – deux anciens de l’aéronautique –, Ace s’est progressivement construit une réputation de « fonds-pivot ». Ce n’est pas un hasard si son tour de table rassemble des partenaires publics et privés comme Bpifrance, Safran, Airbus, Dassault et Naval Group. On comprend alors rapidement que chaque investissement est mûrement réfléchi, très ciblé, quasi chirurgical.

Une anecdote parlante ? En 2014, Ace entre au capital d’ECA Group, expert en robotique sous-marine, un domaine critique pour la défense et l’industrie pétrolière. À l’époque, l’entreprise est peu visible. Aujourd’hui, elle est incontournable, et son positionnement est renforcé dans un monde où la maîtrise des environnements hostiles devient stratégique.

Des investissements à fort levier stratégique

L’objectif premier d’Ace Capital n’est pas d’acheter pour démanteler ensuite. La logique est inverse : investir pour renforcer, structurer, pérenniser. Dans cette optique, plusieurs axes clés reviennent systématiquement dans leurs opérations :

  • Consolidation de filières stratégiques : Ace favorise le regroupement d’acteurs complémentaires pour former de véritables champions industriels français ou européens. Ce fut le cas dans la cybersécurité avec le montage autour de Sogetrel ou dans le domaine spatial avec Exotrail.
  • Soutien à l’innovation de rupture : le fonds mise sur des technologies encore à faible maturité mais à très fort potentiel. Et ici, il ne s’agit pas de suivre les effets de mode, mais bien d’identifier les innovations cœur de métier, comme l’impression 3D pour l’aéronautique ou les propulsions électromagnétiques.
  • Internationalisation maîtrisée : les entreprises accompagnées sont souvent au seuil de leur stratégie export. Ace intervient alors comme un levier structurant, à la fois en capital mais aussi via son réseau dense et qualifié de partenaires.
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À chaque fois, on retrouve une logique d’accompagnement patient : Ace ne mise pas sur l’effet « start-up éclair », mais sur le temps long. Celui de la construction, de la résilience, de la souveraineté collective.

Un impact réel sur les écosystèmes locaux

Lorsque l’on parle de fonds d’investissement, on oublie souvent leur ancrage local. Pourtant, Ace Capital œuvre activement dans plusieurs régions françaises où son capital a permis de sauver, transformer ou redéployer des activités stratégiques. En Nouvelle-Aquitaine, dans les Hauts-de-France, en PACA… les exemples ne manquent pas.

Il suffit de parler avec certains dirigeants de PME industrielles soutenues par Ace pour mesurer cet impact. Jean-Marc, dirigeant d’une société spécialisée dans les composants électroniques pour l’aviation civile à Limoges, raconte :

“Avant qu’Ace ne rentre au capital, nous étions sous pression constante : demande d’innovation sans moyens, difficultés à embaucher… Aujourd’hui, notre carnet de commandes est plein, notre bureau d’études a doublé, et nous avons même ouvert une antenne à Toulouse. Ils ne sont pas là pour mettre la pression, ils sont là pour sécuriser, structurer, envisager l’étape d’après.”

Loin d’être de simples investisseurs, les équipes d’Ace agissent comme des copilotes. La qualité de l’accompagnement stratégique, loin des logiques purement financières, est souvent citée comme un facteur différenciant majeur par les dirigeants soutenus.

Des enjeux de souveraineté et une vision proactive

Dans un monde marqué par la tension géopolitique, la pression des géants technologiques étrangers, et des chaînes d’approvisionnement de plus en plus fragiles, le rôle d’un fonds comme Ace prend une résonance particulière. Il ne s’agit plus seulement de faire croître, mais de protéger. Pas par repli, mais par capacité d’action autonome.

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Cet engagement se traduit notamment à travers la volonté de créer des “échafaudages industriels”, selon l’expression d’un investisseur d’Ace. Autrement dit, intervenir à différents niveaux de la chaîne de valeur – R&D, production, services, export – pour éviter que la moindre dépendance ne provoque une paralysie totale, comme on l’a vu pendant la crise du COVID.

L’enjeu ? Investir dans des briques technologiques critiques : semi-conducteurs, batteries, cybersécurité, composants optoélectroniques… L’avenir de l’industrie ne réside pas uniquement dans la taille des structures, mais dans leur maîtrise technologique.

Un modèle hybride entre public et privé

Ici, une autre spécificité émerge : Ace Capital est profondément hybride. Il puise sa force à la fois dans sa gouvernance mixte – avec des institutions publiques et privées autour de la table – et dans son approche différenciée des dossiers. Cette structure lui donne une capacité d’intermédiation rare : assez agile pour comprendre les logiques marchés, mais également assez connectée aux politiques publiques pour éviter les angles morts de la désindustrialisation.

Faut-il y voir un nouveau modèle de capitalisme ? Peut-être. En tout cas, une alternative sérieuse à la logique du « buy-out express » trop souvent décriée. Ace revendique une performance durable, inscrite dans les territoires, construite autour d’écosystèmes, et non au détriment de ces derniers. Un message fort dans un contexte où les PME industrielles françaises peinent parfois à trouver leur place dans les logiques de financement classiques.

Perspectives et défis pour les années à venir

L’avenir du secteur industriel français – et plus globalement européen – ne se bâtira pas en un claquement de doigts. Face à la compétition structurelle des États-Unis et de la Chine, les acteurs de la finance doivent s’engager dans des logiques de stabilisation longue. Ace Capital l’a compris et s’y emploie.

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Parmi ses nouveaux défis : renforcer sa présence sur le segment des deep techs, anticiper les besoins énergétiques verts de demain (hydrogène, nucléaire modulaire) et soutenir la relocalisation intelligente de certaines chaînes de valeur. L’industrie 4.0 ne sera pas seulement une affaire de robots, mais de gouvernance éclairée, de capital patient, et d’intelligence collective.

Et si le futur de l’industrie passait justement par des fonds d’investissement capables de désapprendre les logiques court-termistes ? Si Ace Capital incarne cette nouvelle génération, alors il y a matière à espérer.

Et au cœur de tout cela : l’humain

Terminons avec ce qui, selon de nombreux entrepreneurs ayant travaillé avec Ace, constitue sa véritable marque de fabrique : la qualité humaine des équipes. À taille humaine, les collaborateurs d’Ace sont souvent décrits comme passionnés, exigeants, mais accessibles. Ils connaissent les usines, comprennent les contraintes techniques, ne jurent pas uniquement par des tableurs Excel.

Comme le disait un CEO d’une PME spécialisée en robotique industrielle, désormais leader sur son segment :

“On pouvait les appeler à 22h parce que notre usine au Texas avait un souci de brevet. Ils étaient là. Ce niveau d’implication, c’est rare. Et ça fait toute la différence.”

Dans un monde où trop de fonds semblent désincarnés, Ace Capital démontre qu’on peut allier performance, stratégie nationale et proximité entrepreneuriale. Le tout dans une logique de co-construction et non de prédation.

Et si c’était là, le vrai capital de demain ?

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