Longtemps associée aux réunions Tupperware dans les salons et aux catalogues papier, la vente à domicile vit une véritable mue. Entre explosion du social selling, essor du statut de VDI et nouvelles attentes des consommateurs, le secteur se réinvente à grande vitesse. Et derrière les kits de démarrage et les démonstrations de produits, ce sont de vraies entreprises, avec des dirigeants, des stratégies et des performances qu’il vaut la peine d’analyser comme n’importe quel autre business.
Dans cet article, je vous propose un tour d’horizon des principaux acteurs de la vente à domicile, des modèles qui cartonnent (ou qui décrochent), et des signaux faibles qui annoncent la prochaine vague de transformation du secteur.
La vente à domicile, un vieux modèle… dopé par les nouveaux usages
Avant de dérouler la liste des entreprises, il faut comprendre dans quel état se trouve le terrain de jeu. La vente à domicile (VDI, marketing relationnel, vente directe, MLM… peu importe l’étiquette) coche plusieurs cases qui parlent très fort à notre époque :
Mais le tableau n’est pas que rose :
Résultat : le secteur ne disparaît pas, il se reconfigure. Certains grands historiques souffrent, d’autres se réinventent, pendant que de nouveaux entrants, très digitaux, captent l’énergie du moment.
Les grands acteurs internationaux de la vente à domicile
Pour comprendre la dynamique, il est utile de regarder les poids lourds internationaux, ceux qui ont posé les bases du modèle… et qui essayent maintenant de le réécrire.
Amway – Le mastodonte du marketing de réseau
Fondé aux États-Unis dans les années 1950, Amway est l’un des symboles mondiaux de la vente à domicile. Son modèle : un portefeuille large (nutrition, beauté, entretien), une armée de distributeurs indépendants, et un storytelling très puissant autour de l’ascension entrepreneuriale.
Son défi actuel ? Composer avec des critiques récurrentes sur la frontière entre vente directe et schéma pyramidal, tout en modernisant son image face à une nouvelle génération qui ne veut plus “faire du porte-à-porte” mais vendre sur TikTok. La direction du groupe a engagé depuis quelques années un gros virage digital : outils en ligne pour les vendeurs, automatisation des suivis clients, contenus marketing prêts à l’emploi.
Herbalife – Entre nutrition, business d’opportunité et débat permanent
Herbalife illustre parfaitement le paradoxe du secteur. D’un côté, une marque hyper connue, présente dans des dizaines de pays, très rentable, avec une communauté de distributeurs ultra engagés autour de la nutrition et du “lifestyle sain”. De l’autre, des controverses régulières autour du modèle économique et des promesses faites aux vendeurs.
Les dirigeants du groupe ont dû renforcer transparence, formation, et encadrement des pratiques commerciales. Là aussi, le digital est clé : applications de suivi, groupes privés, live de coaching… Le cœur du modèle reste la recommandation de personne à personne, mais le théâtre des opérations est désormais largement en ligne.
Vorwerk (Thermomix) – Quand la haute technologie s’invite au salon
Vorwerk, via son emblématique Thermomix, a transformé un appareil de cuisine en véritable objet de désir… vendu majoritairement en démonstration à domicile. Ici, la valeur de la vente directe est évidente : montrer la machine, faire goûter, faire vivre l’expérience.
La stratégie du groupe : maintenir un réseau de conseillers motivés, souvent clients devenus ambassadeurs, tout en investissant massivement dans l’innovation produit et les services connectés. Les dirigeants de la marque poussent une approche “premium expérientielle” : on ne vend plus un robot, on vend une nouvelle façon de cuisiner, avec un abonnement à des recettes, une application, des communautés en ligne.
Tupperware – Le symbole en pleine remise en question
Longtemps archétype de la réunion à domicile, Tupperware a montré au monde entier que l’on pouvait construire un empire sur des boîtes en plastique et des animatrices surmotivées. Mais l’entreprise illustre aussi le coût d’une transformation digitale tardive. Perte de vitesse, retards stratégiques, difficulté à parler à une génération qui ne fait plus forcément de réunions chez soi : la marque a dû revoir son modèle.
Les équipes dirigeantes ont commencé à intégrer davantage de ventes en ligne, à ouvrir de nouveaux canaux de distribution et à réinventer l’animation des vendeurs via les réseaux sociaux. C’est l’exemple parfait d’un acteur historique qui n’a pas le choix : évoluer ou se faire décrocher.
Les entreprises françaises emblématiques de la vente à domicile
En France, la vente à domicile dispose d’un véritable écosystème structuré, notamment autour de la Fédération de la Vente Directe. On y trouve des entreprises très différentes, mais qui partagent un même terrain de jeu : le salon, la cuisine, parfois un groupe Facebook privé… et beaucoup de relationnel.
Guy Demarle – La pâtisserie comme vecteur de business
Spécialisée dans les moules et ustensiles de pâtisserie, Guy Demarle a su capitaliser sur une passion très française : la cuisine conviviale. Le modèle est simple et redoutable : des ateliers culinaires à domicile ou en ligne, des conseillers qui font la démonstration, et une forte amplification via les réseaux sociaux.
La direction a compris très tôt que les conseillers devaient devenir créateurs de contenu à part entière. Résultat : recettes partagées, live Facebook, challenges, stories Instagram. La performance ne se mesure plus uniquement en chiffre d’affaires de réunion, mais aussi en portée organique des contenus.
H2O at Home – Ménage, écologie et argumentaire millimétré
Avec une gamme orientée vers l’entretien écologique de la maison, H2O at Home s’est positionnée sur un mix très actuel : efficacité, santé, environnement. Le pitch des vendeurs : “faire le ménage autrement”, avec moins de produits chimiques, moins de plastique, plus de microfibres intelligentes.
Les dirigeants ont misé sur une formation pointue des conseillers, car ici, le discours scientifique et réglementaire compte. On ne vend pas qu’un chiffon, on vend un mode de vie plus sain – et cet argument doit être solide. La marque a progressivement intégré le digital (réunions en visio, boutiques en ligne liées aux conseillers) tout en cultivant un storytelling très humain.
Captain Tortue, Charlott’ & co. – La mode en comité restreint
Ces entreprises, spécialisées dans la mode à domicile (prêt-à-porter, lingerie), ont surfé sur un constat simple : essayer une tenue chez soi, entourée d’amies, peut se révéler bien plus agréable qu’une cabine d’essayage impersonnelle.
Le rôle de la “conseillère” y est central : diagnostique morphologique, conseils stylés, création de looks. Les équipes dirigeantes poussent une approche très orientée “marque personnelle” : chaque vendeuse devient une mini-influenceuse locale. Instagram est ici un terrain de jeu naturel pour prolonger les réunions physiques, montrer les collections et fidéliser une communauté.
Cosmétiques et bien-être : un vivier infini de VDI
Beauté, nutrition, bien-être… Ces segments restent parmi les plus dynamiques de la vente à domicile. Des marques françaises et internationales y cohabitent, chacune avec sa stratégie :
Dans ces univers, les directions d’entreprise doivent arbitrer en permanence entre enthousiasme des vendeurs… et encadrement strict des discours (promesses santé, allégations, résultats). Un mauvais témoignage qui tourne mal sur les réseaux peut coûter très cher en réputation.
Performance économique : ce qui distingue les entreprises qui tiennent la distance
Derrière les belles histoires de réussite individuelle, il y a une réalité très froide : toutes les entreprises de vente à domicile ne se valent pas en termes de solidité économique. Pour un chef d’entreprise, un investisseur ou même un futur VDI, certains indicateurs doivent être scrutés.
1. Taux d’attrition des vendeurs
C’est le nerf de la guerre. Une entreprise qui recrute des milliers de vendeurs chaque année mais en perd la majorité au bout de quelques mois brûle littéralement son capital humain. Un taux de renouvellement trop élevé est un signal d’alarme : promesse de gains exagérée, manque de formation, modèle peu rentable pour les conseillers.
2. Chiffre d’affaires par vendeur actif
Le volume global ne veut plus dire grand-chose si la base de vendeurs explose. Ce qui compte, c’est le chiffre généré par vendeur réellement actif. C’est là qu’on voit la différence entre un réseau sain, où chacun trouve son équilibre économique, et un système qui repose surtout sur le recrutement permanent de nouveaux entrants.
3. Diversification des canaux
Les entreprises les plus robustes ne se limitent plus à la réunion physique : elles combinent vente à domicile, e-commerce, social selling, parfois même corners en magasin. Les directions qui s’entêtent à rester sur un seul canal se retrouvent rapidement fragilisées.
4. Investissement dans la formation et le digital
La performance d’un réseau de vente directe dépend directement de la qualité de l’accompagnement des vendeurs : outils simples, supports clairs, applications mobiles, modules de formation courts et digestes. Beaucoup de dirigeants l’ont compris : une entreprise de vente à domicile est d’abord une entreprise d’éducation commerciale.
Un secteur en pleine mutation : du porte-à-porte au social selling
On peut résumer la mutation en une image : là où, hier, la vendeuse sonnait à la porte, aujourd’hui, elle apparaît d’abord dans le fil d’actualité Instagram ou WhatsApp du client.
Les entreprises les plus agiles ont déjà opéré trois bascules majeures :
Pour les dirigeants, l’enjeu n’est plus seulement de “recruter des vendeurs”, mais de construire un écosystème où ces vendeurs deviennent :
Cela change tout en termes de management, de formation, de mesure de la performance. Un conseiller qui publie un live vu par 2 000 personnes crée une valeur qui ne se mesure pas uniquement en commandes immédiates.
Les lignes rouges : régulation, éthique et réputation
La vente à domicile avance sur une ligne de crête. D’un côté, un modèle qui permet à des milliers de personnes d’accéder à un complément de revenu ou à une première expérience entrepreneuriale. De l’autre, des dérives possibles : pression au recrutement, surpromesse de gains, vente de stocks démesurés, confusion entre vente et investissement.
Les entreprises sérieuses ont compris qu’il ne s’agit pas seulement d’une question de conformité réglementaire, mais de survie à long terme :
La réputation se joue désormais en temps réel. Une promesse exagérée filmée en story, une réunion qui tourne mal et se retrouve sur Twitter, et c’est toute la marque qui est interrogée. Les dirigeants les plus lucides l’ont bien compris : le seul modèle pérenne est celui qui assume un discours réaliste, parfois moins “sexy”, mais aligné avec la réalité du terrain.
Comment un annuaire d’entreprises peut éclairer ce marché
Sur un site comme ListingPro.fr, qui se positionne comme un repère dans la jungle des entreprises et des marchés, la vente à domicile occupe une place particulière. Cartographier ces acteurs, ce n’est pas juste lister des noms : c’est donner des points de repère à ceux qui cherchent à s’y retrouver.
Pour chaque entreprise de vente à domicile, plusieurs informations mériteraient d’être mises en avant dans un annuaire :
Pour un chef d’entreprise qui souhaite s’inspirer ou se lancer, cette cartographie permet de repérer :
Et pour un futur VDI, c’est un filtre précieux pour distinguer les structures sérieuses des “machines à recruter”.
Quelles perspectives pour les entreprises de vente à domicile ?
Le secteur n’est ni moribond ni triomphant : il est en transition. Certaines entreprises historiques vont probablement continuer à se réduire ou à se transformer radicalement. D’autres, plus jeunes, vont s’imposer avec des modèles très social media, parfois à la frontière entre influence, affiliation et vente directe.
Quelques tendances lourdes se dessinent :
Au fond, la vente à domicile n’est qu’un miroir grossissant d’une réalité plus large : dans un monde saturé de messages, ce qui fait vendre, ce n’est plus le volume de publicité, mais la qualité de la relation. Et sur ce terrain, bien pilotée, la vente directe a encore de beaux atouts à faire valoir.
Pour les dirigeants d’entreprises de ce secteur, la question n’est plus “la vente à domicile a-t-elle encore un avenir ?”, mais “comment la réinventer pour qu’elle reste désirable, responsable et rentable dans les dix prochaines années ?”.

